Les solutions « fondées sur la nature » : marcher sur une ligne de crête ?

Max Pinsard
27 min readApr 25, 2021

Alors que le solutionnisme technologique avance ses pions, géoingénierie en tête, d’autres leviers ambitionnant de prendre en compte la complexité de la nature ont émergés ces dernières années. Il s’agit de questionner les limites de l’ingénierie civile dite « grise », et de favoriser un nouveau type de pratiques, parfois grossièrement labelisées « vertes ». Mais cela peut-il amener à contrôler davantage le Vivant ? Quelle est la marge de manœuvre pour ces solutions « fondées sur la nature » pour être efficaces, sans tomber dans les travers politiques et sociétaux des diverses solutions mises en place dans le passé ?

Quelques définitions
Qu’en est-il en 2021 ?
Les principaux freins identifiés
Les SfN peuvent-elles être antagoniques ?
La tentative ultime de sauvetage du capitalisme ?
Une pratique qui n’est pas nouvelle
La compensation comme moteur de croissance …
La dérive utilitariste de la préservation écologique
Une dépolitisation de la crise écologique ?
… conduisant à une dictature verte ?
Le retour de la démesure par la petite porte ?
… ou une réponse au macrosystème industriel actuel ?
Une ingénierie écologique … et évolutive ?
De quoi construire un contexte favorable (?)
SfN et low-techs ?
Conclusion : des lo-TEK plutôt que des SfN®
Notes
Références

Quelques définitions

40% du bon fonctionnement de l’économie dépend directement des écosystèmes d’après le PNUD, et la notion de « services écosystémiques » n’est pas nouvelle. Mais voilà que des solutions venant de la nature pourraient nous aider sur des défis où on ne les attendait pas.

On appelle solutions fondées sur la nature (SfN, (en) “nature-based solutions” (NbS)) l’ensemble des pratiques ayant pour but de produire un service (santé, bien-être, sécurité …) — ou qui s’attaquent aux problèmes globaux en environnement — en se basant sur les écosystèmes vivants : par exemple, atténuer les causes et conséquences du dérèglement climatique tout en contribuant à résoudre le problème de la destruction de la biodiversité, en favorisant les possibles synergies entre ces deux enjeux. Les SfN se déclinent ainsi en plusieurs catégories, qui varient selon les gens qui les emploient :

Ecological Restoration (ER); Ecological Engineering (EE); Forest Landscape Restoration (FLR); Ecosystem-based Adaptation (EbA); Ecosystem-based Mitigation (EbM); Climate Adaptation Services (CAS); Ecosystem-based Disaster Risk Reduction (Eco-DRR); Natural Infrastructure (NI); Green Infrastructure (GI); Ecosystem-based Management (EbMgt); Area-based Conservation (AbC) — Source : [34]

- L’atténuation basée sur les écosystèmes (Ecosystem-based Mitigation, EbM en anglais) sert à atténuer le dérèglement climatique en s’aidant des écosystèmes.

- La réduction des risques fondée sur les écosystèmes ou ecosystem-based disaster risk reduction (ECO-DRR en anglais) vise à réduire les dégâts du dérèglement climatique via la gestion / préservation / restauration des écosystèmes locaux, tout en assurant le développement des populations concernées. Le développement durable est souvent visé comme horizon.

- L’adaptation fondée sur les écosystèmes (AfE) ou ecosystem-based adaptation (EbA) en anglais est aussi centrée sur le dérèglement climatique, et est une notion très proche de l’ECO-DRR : utiliser la biodiversité et les écosystèmes pour permettre aux populations locales de s’adapter à cette menace, tout en tenant compte des spécificités culturelles et des savoir-faire déjà présents de ces populations. Les SfN tournées vers l’adaptation sont généralement qualifiées d’EbA (ou SAfN) [12].

Les SfN comprennent également la restauration écologique (ER — ecological restoration en anglais), l’ingénierie écologique, les infrastructures vertes, la gestion fondée sur les écosystèmes (ecosystems-based management en anglais, EbMgt), la restauration des paysages forestiers (FLR –Forest Landscape Restoration) [13] et même la restauration écologique ou les aires protégées (notamment via l’Area-based Conservation, AbC) [23]. SfN est donc un terme parapluie, pouvant signifier des choses assez distinctes bien qu’elles reposent toutes sur l’utilisation des écosystèmes. Même si la finalité peut être différente selon que l’on parle d’adaptation, d’atténuation, de conservation ou de restauration, il est assez aisé de voir que tous ces termes ont beaucoup de points communs : si les écosystèmes sont maintenus ou restaurés, ils seront plus à même d’atténuer voire de proposer une adaptation au changement climatique. Nous traiterons donc par la suite les SfN comme un seul bloc, en tâchant d’expliciter de quelle SfN si besoin.

Les SfN se situent à mi-chemin entre des écosystèmes auto-organisés, sans action humaine — que l’on peut encore voir dans des espaces ayant fait l’objet de politiques de conservation — et des infrastructures 100% anthropiques, « grises », que l’on retrouve entre autres dans la majorité des grandes villes industrielles.

Cependant elles ont pour but d’apporter un plus par rapport aux solutions d’ingénierie civile classique en augmentant leur force structurelle au cours du temps, par le renforcement du sol (racines, vie microbienne …) et de la diversité fonctionnelle et spécifique par exemple :

Cela vient apporter une solution à l’obsolescence inhérente des solutions « grises », non-vivantes, et dont la qualité ou la résistance diminue inévitablement au cours du temps…

Qu’en est-il en 2021 ?

Le côté “adaptation” des SfN est pour l’instant tout-à-fait anecdotique (implémenté ni à grande échelle ni de façon complète), car il est plutôt inconnu des décideurs et du grand public [1]. Ainsi un rapport de l’UNEP relevait en 2020 que malgré leur présence dans des politiques diverses, les SfN manquaient de réels plans tangibles [24]. Par exemple, seulement quelques plans de SfN pour l’adaptation étaient menés en 2020 au Canada et en France, avec très peu de projets urbains, mais d’autres pays comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou le Brésil avaient engagés plus de 30 projets et des dizaines d’initiatives urbaines d’adaptation [24]. Dans beaucoup de pays ces SfN sont des solutions type « espace vert » visant à assurer un habitat pour la biodiversité, et non à assurer directement l’adaptation des sociétés (du moins en Europe) [28], ce qui explique peut-être cet écart.

Dans les zones urbaines et périurbaines des solutions existent depuis plusieurs années, comme les corridors écologiques (trames vertes / bleues / brunes / noires …), la réintroduction d’animaux en ville — très prisée en Amérique du Nord où ces derniers ont été chassés de zones rurales par le développement d’activités, le développement des « villes éponges » qui retiennent l’eau de pluie et des crues (pas toujours avec des SfN cependant), une stratégie qui attire de plus en plus les pays impactés par du trop d’eau comme les Pays-Bas, etc.

Les SfN n’ayant été validées que récemment par les instances onusiennes telles l’IPBES et le GIEC, il n’est pas forcément étonnant que leur développement reste limité. Le terme même de SfN reste assez vague pour beaucoup d’acteurs de l’environnement, malgré les efforts des scientifiques pour mieux en dessiner les contours [23] : cela peut nuire à son adoption, ou au contraire qualifier n’importe quel projet de SfN, ce qui dans les deux cas empêche l’avancée réelle de telles solutions. En effet même certaines mises en œuvre pouvant être qualifiées de SfN ne le sont pas vraiment, comme les plantations d’arbres (à l’échelle mondiale, la moitié sont des monocultures !) [2], et donc peu pertinentes en termes écosystémique et biodiversité. On note cependant une croissance assez forte de projets SfN (cf les exemples donnés dans [2]), mais il n’est pas sûr qu’elles soient compatibles avec le système actuel.

Les principaux freins identifiés

Plusieurs freins ont été identifiés et pourraient nuire à l’efficacité ou la faisabilité des SfN : tout d’abord, ces solutions peuvent s’avérer plus chères dans certains cas que des projets classiques d’ingénierie civile [2], ainsi même si elles apportent des bénéfices importants (en termes de santé, de bien-être, voire d’esthétique par exemple — des critères pas toujours parfaitement quantifiables), elles peuvent être disqualifiées sur l’aspect monétaire ou rentabilité.

Ceci est aussi dû au manque de mesures concrètes de l’efficacité de telles solutions [2], qui peuvent rendre leur évaluation délicate, et difficile à comparer à une solution standard : pour certains, les SfN sont ainsi trop complexes tant à l’implémentation qu’à l’évaluation [25]. Par exemple, la réponse des écosystèmes aux perturbations et aux chocs se mesure sur le temps long, ou en tout cas sur une durée bien supérieure aux solutions « grises » [2]. Le système économique actuel — basé sur des profits immédiats et donc une comptabilité à court terme — couplé à l’injonction de trouver rapidement des réponses aux dégâts environnementaux actuels et à venir rendent cet aspect très substantiel.

Ensuite, sur l’efficacité même de telles mesures, les chiffres parfois avancés ne sont pas toujours à la hauteur de la réalité : l’estimation de réduction de plus de 30% du CO2 anthropique via des “solutions naturelles” pourrait ainsi être très surestimée selon [2]. Il peut alors y avoir un manque de légitimité des SfN face à des solutions déjà bien implémentées [25], notamment parce qu’elles sont nouvelles, donc peu matures.

Enfin, il y aurait selon les spécialistes de nombreuses raisons politiques qui mineraient la mise en place des SfN, comme les normes en place (la dépendance au chemin, c’est-à-dire le fait qu’une mesure doive passer par tout un appareil de gouvernance déjà en place et pas forcément adéquat à la nouvelle mesure), ou tout simplement l’inertie du système actuel [2]. Le manque d’incitations gouvernementales, éventuellement expliqué par l’action de puissants lobbys, mine aussi les SfN. Celles-ci requièrent en plus souvent une coordination d’acteurs pouvant rentrer en conflit, soit de par leurs intérêts opposés, soit par manque de transdisciplinarité des organes de décision [2], ce qui implique des négociations, donc des latences. D’autres sources soulignent même que l’implémentation des SfN requiert de la coopération et du partage de connaissances entre les parties prenantes, ce qui est loin d’être aisé en réalité [25].

Mais [2] souligne surtout que les SfN ne peuvent être capitalisées, et posent des « problèmes de propriété » : on peut voir cela comme un décalage d’échelle entre le service rendu par les SfN et la gouvernance locale pour les mettre en œuvre [25]. Par exemple, des puits de carbone (via les arbres ou autre) bénéficient à l’ensemble de l’humanité (avantage global), mais sont implémentés localement à un coût parfois élevé (effort local), ce qui ne donne pas d’incitation suffisamment forte pour les généraliser.
On bute donc bien sur l’absurdité du système économique, qui n’est pas raccord avec ces mesures a priori souhaitables ! Mais cela ne devrait pas nous inciter à juste « réformer le système » pour pouvoir y voir fleurir les SfN (qui auraient d’ailleurs de bonnes chances d’être édulcorées) sans questionner le système lui-même.

Les SfN peuvent-elles être antagoniques ?

D’une façon générale, les solutions d’atténuations chercheront à enlever du carbone de l’atmosphère et à le stocker (effet global), là où l’adaptation s’évertuera surtout à diminuer la température locale, essayant de rendre vivables des extrêmes devenus réguliers.

Même si l’atténuation a été qualifiée de « meilleure stratégie d’adaptation » [31], l’ADEME spécifiait en outre que l’adaptation consiste en particulier à « maximiser les effets bénéfiques du changement climatique ». Mais si des conséquences ‘bénéfiques’ du changement climatique sont utilisées et verrouillent les usages, si bien qu’elles deviennent presque souhaitables, n’y-a-t-il pas un risque de délaisser les politiques d’adaptation ? Depuis le début du combat climatique, les défenseurs de l’atténuation ont ainsi toujours craint que les politiques d’adaptation ne sapent les engagements pour l’atténuation [31].

De même, les politiques de conservation (Area-based Conservation) voire de restauration ne sont pas forcément compatibles avec l’adaptation : pour assurer une meilleure préparation aux réalités du réchauffement global (resp. pour traiter des événements extrêmes) l’EbA/les SAfN (resp. l’eco-DRR) pourraient promouvoir des solutions plus efficaces que les écosystèmes tels qu’ils sont, en maximisant les bénéfices utiles, transformant donc ces milieux naturels pour un but précis, ce qui s’oppose à de la conservation pure. Par conséquent, même si de nombreuses synergies existent entre les différentes variantes des SfN, on voit que ces oppositions pourraient limiter leur adoption et leur efficacité.

La tentative ultime de sauvetage du capitalisme ?

Après avoir vu les freins, nous allons explorer les contre-arguments et réserves que l’on peut opposer aux SfN.

La première limite conceptuelle est de vouloir opposer les solutions dites « vertes » (SfN etc.) contre les « grises » (ingénierie civile) selon [2], alors que la solution optimale serait probablement d’élaborer un système hybride alliant les deux [3]. Mais cela peut nous entraîner dans un travers très délétère : vouloir, en favorisant ces synergies, « sauver » les solutions grises [2] alors qu’elles ne sont pas soutenables par nature. Pire encore, on part de la civilisation industrielle en y incorporant un peu de vert pour la faire perdurer, et celle-ci impose alors sa manière de faire [14] aux nouvelles solutions qu’on tente de faire émerger. L’inverse, partir des écosystèmes et voir quelles solutions émergent serait sans doute plus souhaitable, du moins pour ne pas faire perdurer les structures existantes, dont beaucoup sont à l’avant-garde du désastre écologique que l’on observe.

Car un des arguments majeurs des « réformistes » est d’aller convaincre les grandes entreprises qu’en ne s’alignant pas sur les cibles climatiques, en ne rentrant pas dans la « transition » ou les nouvelles tendances environnementales, elles rateront la « grande transformation » déjà en cours vers un monde « plus juste, plus résilient et plus vert ». Non je plaisante : elles PERDRONT DE L’ARGENT (c’est bien le seul argument valable dans un système basé sur le profit), cf ce genre d’explication. On nous encourage donc à aller supplier le Grand Capital qu’il daigne bien vouloir considérer nos solutions « durables ». Mais comme tout changement apporte des perspectives de faire des nouveaux profits (vraiment TOUT changement), plusieurs industriels ont déjà flairé le filon :

Quand Dow Chemicals, Shell et Unilever s’accordent sur les infrastructures vertes …

Il s’agit ici d’une récupération des SfN [2] par de grands groupes capitalistes [14], qui s’empresseraient assurément de les vendre au prix fort, de les breveter, de les rentabiliser… Mais pour investiguer cette question, il nous faut regarder du côté de ce qui est déjà accaparé par les grands groupes mondialisés en termes de nature.

Une pratique qui n’est pas nouvelle

Dans les années 90, le monde capitaliste se posait déjà la question de la valeur de la nature, entraînant une vague de réflexions chez les écologistes : faut-il mettre un prix sur la nature pour — en parlant le langage des économistes — avoir davantage d’arguments pour la préserver ? Tout le principe de « capital naturel » (et ses dérives) rentre alors dans cette question. Cette « solution » mise de l’avant ne sort pas des carcans habituels : mettre un prix sur les services rendus, pour valoriser ce qui est susceptible être détruit, en achevant une marchandisation totale du monde.

le 13 avril 2021, Nature Conservancy clôt le NASDAQ de la Bourse de New-York.

Depuis plusieurs années les services écosystémiques sont ainsi de plus en plus cités par les instance financières (et les partenariats (collusions ?) entre grands consortiums et Wall Street ne se comptent plus, voir image ci-dessus).Les tentatives de quantifier ces services en équivalent $ ne surprennent aujourd’hui plus personne : on apprend ainsi que forêt amazonienne vaudrait 240 milliards de $ (et rapporterait 8 Md$ chaque année), l’océan cent fois plus … Certains rêvent même d’apposer, à côté des indices boursiers, des indices de l’état de la biodiversité et des services écosystémiques, en bandeau sur les chaînes d’infos en continu [25].

Cette tendance n’est pas nouvelle. Déjà, au sommet de Rio de 1992 un consortium de grandes entreprises entendait récupérer ce concept pour le rendre favorable à leur business : ainsi BP, 3M, Norsk Hydro, DuPont, Shell, Lafarge, Alcan et PwC — parmi les 180 membres les plus influents du WBCSD (Conseil mondial des affaires pour le développement durable) — exercent un lobbying intense pour faire rentrer les écosystèmes naturels dans la machine financière, à travers notamment les fameuses « obligations vertes » (green bonds) [26] ▪. Au moment où j’écris ces lignes, le processus est déjà bien enclenché : on peut maintenant spéculer sur la date d’extinction d’une espèce, en achetant ou revendant des dérivés financiers composés de « portefeuilles d’espèces » (e.g. un peu de crédit grand singe, un peu de criquet), indistincts sur le marché global de matière première comme le riz ou le pétrole [26], et certaines espèces ont déjà leur sponsor (connaissez-vous le singe Titi goldenpalace.com ?) …

Le World Business Council for Sustainable Development et ses membres fondateurs

En plus, le chiffrement de ces « services écosystémiques » (i.e. ce dont l’humain bénéficie du monde naturel gratuitement) ne joue pas toujours en la faveur des milieux naturels : une étude récente montre par exemple que sur 62 milieux étudiés, seuls 24 produiraient plus de valeur économique tels quels plutôt qu’en les exploitant pour leurs ressources [15].

Il ne faudrait pas que les SfN ne deviennent qu’une simple redite de l’histoire des services écosystémiques et les collusions / fausses solutions qu’ils ont commencé à engendrer il y a presque 10 ans déjà, eux-mêmes symptomatiques de ce qui est arrivé au concept de « développement durable » par exemple [25].

La compensation comme moteur de croissance …

Dans beaucoup de pays la séquence « éviter, réduire, compenser » (ERC) donne un cadre pour toute action impactant l’environnement, les SfN pouvant d’ailleurs être utilisées pour réduire les impacts. Mais pour des industriels, il peut être tentant d’utiliser le côté « restauration » des SfN pour préférer une action de « compensation », qui peut alors facilement se terminer en « droit à détruire » (cf le cas Notre-Dame-des-Landes) : comment par exemple juger de la réelle possibilité d’éviter quand on peut simplement compenser ? Cette compensation écologique est-elle seulement efficace, est-il seulement possible de restaurer un milieu naturel (donc de long terme) dégradé à l’aide de moyens humains (donc de court terme) voire pire, de prétendre en créer un nouveau à un endroit donné [33] ?

Cette perspective de compensation est en tout cas de plus en plus convoitée au Québec, car elle permet d’exploiter les ressources présentes dans le sol tout en ayant la possibilité d’avoir « zéro destruction nette » (car compensée), du moins sur le papier : ainsi le gouvernement provincial prévoit-il de créer de nouvelles zones humides pour compenser le remblayage des tourbières, marécages, et marais naturels présents un peu partout, de la banlieue de Montréal jusqu’au Nord du Québec, en passant par les zones forestières de l’Abitibi [22]. L’argument est imparable : cela donne « de la job » tant pour la destruction que pour la reconstruction, alors qu’une zone humide telle quelle ne génère aucune croissance ! Le rôle de l’État, à la fois juge et partie [32], est trop ambivalent pour pouvoir prendre une décision impartiale.

La dérive utilitariste de la préservation écologique

De même, la patrimonalisation de la qualité du vivant entend déployer des outils juridiques pour la conservation. Dans les deux cas on reste sur une vision technocratique du problème. Le risque serait de tomber dans une « ingénierie écologique » pure, qui préserverait juste les aspects utiles de tel ou tel écosystème au meilleur de l’état de l’art de la connaissance, mais en laissant à coup sûr de côté de nombreuses interactions complexes [3], tant notre compréhension de ces dernières n’en est qu’à ses balbutiements. On garde en mémoire les plantations de monoculture [2], désastreuses sur tous les aspects, et promues par tous les adeptes de la solution facile et immédiate.

Ainsi, une ingénierie écologique purement utilitariste pourrait voir le jour : il s’agirait par exemple de purifier les rejets des stations épurations ou d’assainir un sol, bref de réparer les dégâts du monde industriel — premier responsable des dégâts — sans pour autant le remettre en cause, en le considérant d’emblée indispensable.

Une dépolitisation du problème ?

Quelques SfN, et des solutions d’Eco-DRR notamment, entendent de même permettre aux villes de lutter contre les conséquences du dérèglement climatique à l’aide des écosystèmes : inondations (zones tampons, sols « éponge »), îlots de chaleur (arbres) voire submersions côtières (mangroves, herbiers marins…). Ce genre de SfN urbaines pourraient aussi recréer un semblant de nature qui, par décalage de la ligne de base (ou amnésie écologique), deviendrait la norme d’un écosystème « normal » pour les populations n’ayant connu que leur environnement urbain, alors qu’elles ne sont souvent que de pâles copies de ce qui émerge dans un écosystème en libre évolution.

Mais il y a un risque plus grand : celui de mettre les luttes sociales de côté voire d’embourgeoiser, un problème particulièrement présent en zones urbaines. Dans l’article “Ecological Gentrification in Response To Apocalyptic Narratives Of Climate Change: The Production of an Immuno-political Fantasy” [10], l’auteur affirme par exemple :

« La production d’un récit apocalyptique centré sur le changement climatique et l’action humaine négative contre la planète et ses habitants a créé la possibilité pour des modes de développement urbain auparavant inacceptables de le devenir. Le vide sémantique de la “Durabilité’’ a créé l’opportunité d’un mode incontestable de régénération urbaine qui, dans ses résultats, diffère très peu des modèles traditionnels de gentrification (embourgeoisement), sauf qu’il génère moins de résistance de la part de ceux qui cherchent à vivre dans un monde plus vert. […] Bien que le développement du site puisse présenter des caractéristiques moins dommageables sur le plan écologique que l’infrastructure précédente, grâce à du chauffage urbain, des panneaux solaires, des murs verts ou de la collecte des eaux de pluie, les comportements des résidents resteront au mieux potentiellement inchangés ou, en raison d’un sentiment de déjà faire leur part pour l’environnement, aggravée par de la consommation supplémentaire et/ou des modes de déplacement très carbonés. »

Ainsi, si — comme on l’a vu — les SfN coûtent plus cher que les solutions « grises », il y a un risque de les réserver uniquement à des clients ou des quartiers riches, qui pourront alors bénéficier en chasse-gardée des apports en termes de bien-être de ces initiatives vertes, ou du moins au détriment des quartiers défavorisés. Pour l’auteur, cela pourrait donc nuire à des populations déjà vulnérables, et ne pas diminuer l’empreinte écologique des villes par effet rebond de la consommation des populations aisées.

… conduisant à une dictature verte ?

Mais ce genre d’approche passent surtout par des institutions fortes, qui imposent leur vision d’en haut [2], plutôt que d’adopter une approche ascendante, prenant comme racine les populations locales. Car ce sont bien elles les plus à même de comprendre les enjeux spécifiques à chaque endroit, à implémenter au jour le jour les SfN, et surtout à ne pas s’opposer au projet mais l’accueillir avec bienveillance. Les SfN doivent donc mettre le facteur social au cœur du projet [2], comme l’indique le texte « Des solutions fondées sur la nature… et sur les citoyens ? » [5].

Plus que des citoyens, on pourrait aussi parler des locaux : ce sont bien eux seuls qui déterminent l’aboutissement réel d’une mesure, et la font perdurer ou non dans le temps [6]. Ainsi, des facteurs sociaux et de gouvernance entrent en jeu pour décider si l’on crée ou non des zones d’exclusion pour sauvegarder un patrimoine naturel (type parcs nationaux des États-Unis, parfois présentés comme une réussite en matière de conservation [7], mais vu comme une forme de (néo)colonialisme dans beaucoup d’endroits), ou si au contraire on choisit de laisser vivre ces populations sur les terres de leurs ancêtres.
Même si les locaux ne gèrent pas toujours optimalement leur environnement immédiat** [9], s’appuyer sur eux est un frein aux projets démesurés, à l’extractivisme, bref au court-termisme de la mégamachine industrielle qui ne mise que sur l’exploitation des ressources [2]. Mais encore faut-il que ces populations locales gardent la tête froide face à des gains immédiats et des promesses de surclassement.

Le retour de la démesure par la petite porte ?

Car cette question de la démesure est bien centrale dans les SfN, et reboucle sur l’impasse de la géoingénierie :

Les exemples d’ingénierie écologique frôlant la démesure sont légions : « the sand motor » aux Pays-Bas, où comment lutter contre l’érosion des côtes en créant un îlot de sable qui se répartira sur les côtes pendant 20 ans, mais qui a demandé de puiser 22 millions de mètres cubes de sable en Mer du nord, avec les émissions de GES et le coût en énergie que cela représente … De même, planter des milliards d’arbres dans plusieurs régions du monde, mais quid de la gestion subséquente ? Etc.

On pourrait en outre rendre les sols plus frais avec plus d’eau, et ainsi reverdir 40% de terres rendues arides, ce qui permettrait d’y stocker des énormes quantités de carbone chaque année, en plus de diminuer la température locale par évapotranspiration et de favoriser la biodiversité. Les sols ainsi revigorés deviennent de véritables éponges, ce qui permet d’accentuer la pousse végétale (boucle vertueuse) tout en évitant les problèmes liés au cycle de l’eau. Mais on touche là encore un point important des SfN : s’agit-il de trouver des solutions aux 30% des émissions de GES liés aux sols et forêts sans remettre en cause le 70% des GES dus au secteur de l’énergie (fossile) ? De stocker du carbone dans les sols et zones humides pour pouvoir continuer à utiliser des SUV, faire tourner les centrales à charbon et relancer la mégamachine de plus belle* ?

Pire encore, la partie « adaptation » des SfN (EbA) est surtout concentrée sur les pays du Sud, car à risque et possédant moins de moyens de faire face aux catastrophes, mais pourrait être un moyen pour les pays les plus pollueurs de « racheter » les dégâts qu’ils infligent au climat (via leurs émissions) : le Nord aide le Sud à s’adapter au problème qu’il a créé. D’autres parleront même de néocolonialisme…

… ou une réponse au macrosystème industriel actuel ?

Certains aspects des SfN sont cependant assez encourageants, comme la volonté de s’opposer aux solutions uniformes et simplistes :

« Les techniques alternatives aux SfNC, liées à la standardisation et à l’uniformisation des paysages, privilégient cette productivité, souvent aux dépens de l’efficacité de l’utilisation des écosystèmes et des ressources naturelles : c’est le « paradigme industriel », auquel s’oppose le paradigme écologique (12). Cette réduction de la productivité du travail humain n’est pas forcément négative, dans la mesure où [elle] aide à mieux préserver la nature. […] » [5]

Est cité en exemple la pêche artisanale et l’agriculture bio, moins productive par travailleur mais plus par unité d’énergie dépensée [5] (les travailleurs n’étant remplacés par rien d’autre que l’énergie abondante dans le macrosystème industriel actuel).

Une ingénierie écologique … et évolutive ?

Revenons sur quelques concepts. Les SfN mobilisent des processus écologiques tout comme le biomimétisme, mais intègrent en plus une approche écosystémique, et non uniquement centrée sur un aspect particulier. Si l’on intègre pas une optique de durabilité, les SfN sont de simples outils d’ingénierie écologique : elles deviennent évolutives en incorporant la soutenabilité comme critère principal. En enlevant le côté « bio-inspiré » on retourne sur de l’écologie industrielle et territoriale, et en enlevant le côté écosystémique on tombe dans une solution spécifique et non holliste comme la chimie verte :

Ce positionnement de l’ingénieur comme « pilote » et non fabricateur est assez encourageant, et permet surtout de se positionner en opposition radicale à la biologie de synthèse et ses travers, dont le paradigme est d’aller au-delà du biomimétisme en refondant carrément le Vivant sur des critères anthropiques, ou au moins d’en contrôler tous les aspects qui nous potentiellement intéressants. En somme, le « Meilleur des mondes » avec des innovations comme les « biotechnologies », l’économie « bleue », « jaune », « rouge » etc., ainsi que les cultures hors-sols — domaines qui captent malheureusement toujours beaucoup de capitaux.

Les SfN proposent plutôt de favoriser l’adaptabilité du Vivant en donnant la part belle à l’aspect évolutif ▪▪, sans renter a priori dans une optique « d’amélioration » — qui bénéficierait seulement à l’humain (cf exemple des aliments et plantes améliorées). Ces solutions vont donc au-delà des principes habituels de « conservation » pure et simple (principe désuet lorsqu’on parle d’une structure évolutive), de compensation (qui est toujours éthiquement délicat) ou de restauration (l’irréversibilité de l’évolution rendant cette approche peu pertinente). Les SfN favoriseraient donc le « faire avec » plutôt que le « faire contre », ce qui est plus raccord avec les processus naturels que l’on observe partout ▪▪▪.

De quoi construire un contexte favorable (?)

Comment favoriser les comportements écologiquement viables ? En s’intéressant à la biologie du comportement / la psychologie évolutionnaire, on s’aperçoit assez vite que le contexte / l’environnement immédiat prévalent toujours [16]. Par exemple, des recherches montrent que le nombre de violence augmente avec le degré de bétonisation, et décroît avec le nombre d’espaces verts [17], ceux-ci réduisant en outre l’anxiété et aidant à la mémorisation de choses complexes [18], parmi de nombreux autres avantages [30] ***.

Il faut dès lors s’atteler à construire ce contexte favorable, ou du moins s’assurer sans relâche qu’il ne se dégrade pas : les SfN se proposent de ré-introduire des espaces verts, et de favoriser le retour de la biodiversité dans des endroits très anthropisés comme les villes, ce qui entre dans cette lignée. Par exemple, la lutte contre les îlots de chaleurs urbains en utilisant l’ombre et l’évapotranspiration des arbres est un bénéfice direct pour la santé humaine [20]. On peut aussi citer la réduction du bruit et de la pollution de l’air, et des facteurs indirects comme la réduction du stress déjà évoquée, tout comme la propension à faire plus d’activités physiques en présence de nature (jogging …) :

Traduit en français de [20]

Les principales causes de mortalités et de vie en mauvaise santé dans nos latitudes sont en effet de très loin - en plus des accidents de la route et de problèmes liés à la malbouffe - liées à un manque d’activité physique (problèmes cardio-vasculaires, surpoids …), la pollution de l’air (maladies respiratoires diverses …) et les problèmes psychologiques (dépressions etc.), ce que le contact à la nature permet d’éviter. Les SfN auront bien-sûr aussi des impacts négatifs, comme la réintroduction d’insectes potentiellement dérangeant, voire de parasites [21] : cela peut cependant être limité en assurant l’introduction de prédateurs pour ces insectes, bref en assurant une prise en compte de la complexité des écosystèmes (réseaux trophiques, etc.).

Il faudra cependant veiller à ne pas créer des « paradis urbains » dans les pays du Nord, où l’on retrouverait les aspects positifs des zones rurales sans leur isolement et possibilités d’emplois limitées, aux dépends des vraies zones rurales avoisinantes (ce qui intensifierait d’autant plus la concentration urbaine). Surtout, ces zones urbaines embourgeoisées vivraient aux dépends des pays du Sud, où l’Occident puise une bonne partie de ses ressources : il est peu probable que le Nord aide à y implémenter des SfN de la même envergure, ne serait-ce que pour pouvoir continuer son exploitation. Les SfN devraient donc veiller à ne pas renforcer les inégalités intra-pays (embourgeoisement) et inter-pays.

SfN et low-techs ?

Enfin, il peut être intéressant de dresser un parallèle entre les SfN et les low-techs : comme le montre la figure ci-dessous, les SfN favorisent une triple résilience : écologique tout d’abord, tout comme le côté « soutenable » des low-techs, sociale ensuite (ce qui fait penser à l’impératif d’accessibilité des low-techs). Finalement, une résilience physique qui désigne la perpétuation d’un minimum de structures de la société (eau courante, énergie etc.), qu’on peut voir comme le pendant du caractère utile des low-techs.

Les SfN pourraient ainsi être intégrées dans une démarche Lo-TEK (Traditional Ecological Knowledge) plutôt que juste low-tech, en s’inspirant de — et en faisant foisonner — les savoir traditionnels autochtones (au sens large) [11]. En revamche, un peu comme on essaye de trouver chez les EnR les mêmes performances que dans les énergies fossiles, il ne faudrait pas non plus essayer de chercher dans les SfN les mêmes caractéristiques que les solutions « grises » : rapidité d’implémentation, coût etc. Peut-être admettre qu’elles prennent du temps à être implémentées, et qu’elles doivent donc être pensées en amont, sur le temps long, ce qui leur donne un point commun de plus avec les TEK …

« Chaque écosystème est différent et demande des solutions adaptées ; chaque communauté est particulière et doit être approchée selon son organisation propre. » [Elmer Segura]

Conclusion

En somme, il y a donc une urgence absolue pour les acteurs de l’écologie de proximité de se réapproprier le concept des SfN, pour ne pas qu’elles deviennent « incorporées », des “NbS, Inc.” ou SfN®. Cela évitera aussi sans doute de réserver les SfN et autres « initiatives vertes » à une population aisée (vu le coût initial de telles solutions), mais aussi de ne se concentrer que sur le côté utilitariste (en cherchant la rentabilité à tout prix). De plus, on aura de meilleures chances d’éviter les projets démesurés, mais pour cela les SfN devraient se baser sur les citoyens (SfNC) et/ou s’implémenter en lien avec les populations locales, qui sont à même de fournir le diagnostic le plus fidèle des réalités de terrain. En ce sens des programmes comme le SIPAM/GIAHS (Globally Important Agricultural Heritage Systems) de la F.A.O. [27] sont prometteurs, car ils ambitionnent de préserver le patrimoine tant culturel que naturel de certaines pratiques agricoles de petits exploitants du Sud, par exemple.

Car il y a un enjeu important à implémenter ces SfN : non seulement elles apportent un levier d’action à la crise climatique, mais elles permettent aussi d’envisager un contexte favorisant l’évolution vers un monde moins désastreux, comme peuvent le faire les low-techs par ailleurs. Ce parallèle low-tech ou lo-TEK et SfN est d’ailleurs très prometteur à explorer.

Notes

* et il y aurait aussi du gros ouvrage pour (re)transformer tous les sols : est-ce une excuse pour relancer de grosses industries, notamment celles qui carburent aux énergies fossiles ?

** la dégradation environnementale crée aussi la pauvreté, qui peut elle-même pousser les populations démunies à exploiter leurs ressources localement d’une manière non-durable. Mais quoi qu’en disent les publications savantes, c’est souvent le résultat d’un colonialisme des pays riches qui coupent les populations locales de leurs savoirs ancestraux, les poussent à exploiter des ressources dont ils ne trouvaient pas l’utilité jusqu’alors (ex : minéraux …), et à les vendre sur le marché mondialisé.

*** Davantage de nature n’est cependant pas toujours synonyme de meilleure santé, surtout dans les pays les plus pauvres : voir “Urban ecology and urban ecosystems: understanding the links to human health and well-being” par exemple.

▪ Entre autres exemples, Shell investit 200 M$ de $ dans les SfN, et est aux premières loges au Canada pour surfer sur le concept

▪▪ On peut citer ce principe qui résume l’éthique : « Est juste ce qui contribue à l’adaptabilité durable des systèmes vivants et de l’ensemble de la biosphère. Est mauvais ce qui tend à la réduire. » (P. Blandin, cité dans [19]).

▪▪▪ C’est idée est aussi applicable à plein de domaines du Vivant, jusque dans une discipline assez lointaine de l’écologie : l’immunologie. D’un point de vue évolutionnaire, il peut être en effet plus intelligent de comprendre comment évolue un agent pathogène pour pouvoir favoriser les mutations qui le rendront progressivement inoffensif (peut-être au prix d’une contamination d’hôtes plus élevée, « faire avec ») plutôt que d’essayer d’engager une course à l’armement évolutive (evolutionary arms race), destructrice pour les deux camps (« faire contre ») [8].

Références

[1] UNEP, “Is ecosystem-based adaptation effective?” (2017)
Voir aussi MOOC : “Nature-based solutions for disaster and climate resilience” (2021)

[2] Seddon, Understanding the value and limits of nature-based solutions to climate change and other global challenges, Phil. Trans. R. Soc. B 375: 20190120., http://dx.doi.org/10.1098/rstb.2019.0120

[3] TU Delph, MOOC « Ecological engineering — Building with nature” (2016)

[4] “Building the Case for Green Infrastructure” (2013), https://www.nature.org/en-us/about-us/who-we-are/how-we-work/working-with-companies/transforming-business-practices/building-a-case-for-green-infrastructure/

[5] Couvet & Ducarme, « Des solutions fondées sur la nature… et sur les citoyens ? » (2018)
citant (12) Flipo, Fabrice, Nature et politique, Contribution à une anthropologie de la modernité et de la globalisation, Paris 2014.

[6] UNEP, “Disasters and Ecosystems: Resilience in a Changing Climate” (2019)

[7] C. & C. Larrère, « Penser et agir avec la nature » (2019)

[8] “Paul Ewald: Infectious Disease and the Evolution of Virulence” https://www.pbs.org/wgbh/evolution/library/01/6/text_pop/l_016_06.html

[9] T.A. Masron, Y. Subramaniam, “Does Poverty Cause Environmental Degradation? Evidence from Developing Countries” (2018), https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/10875549.2018.1500969
voir aussi https://www.journalajaees.com/index.php/AJAEES/article/view/28430

[10] E.T. Harper, “Ecological Gentrification in Response To Apocalyptic Narratives Of Climate Change: The Production of an Immuno-political Fantasy” (2020), https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/1468-2427.12842

[11] Julia Watson, “Lo-TEK — Design by Radical Indigenism” (2019)

[12] “New factsheet series on EbA”, https://www.adaptationcommunity.net/news/new-factsheet-series-on-eba/

[13] UICN, Solutions fondées sur la nature — brochure (2018), https://www.adaptation-changement-climatique.fr/centre-ressources/les-solutions-fondees-sur-la-nature-pour-lutter-contre-les-changements

[14] GRAIN, « Greenwashing des entreprises : le « zéro net » et les « solutions fondées sur la nature » sont des escroqueries meurtrières » (2021), https://grain.org/fr/article/6636-greenwashing-des-entreprises-le-zero-net-et-les-solutions-fondees-sur-la-nature-sont-des-escroqueries-meurtrieres

[15] R. Bradbury, “The economic consequences of conserving or restoring sites for nature”, Nature Sustainability (2021), https://www.nature.com/articles/s41893-021-00692-9

[16] R. Sapolsky, “Behave : the biology of humans at our best and worst” (2017)

[17] Kondo et al., “Effects of greening and community reuse of vacant lots on crime” (2016)
voir aussi : Bogar et Beyer, “Green Space, Violence, and Crime: A Systematic Review” (2015)

[18] Bratman et al., “The benefits of nature experience: Improved affect and cognition” (2015)

[19] F. Rey et al., « Ingénierie écologique : Action par et/ou pour le vivant ? », Quae (2014)

[20] M. Van den Bosch, ÅO Sang, “Urban natural environments as nature-based solutions for improved public health–A systematic review of reviews”, Environmental Research (2017).

[21] Gouvernement du Canada, « Plans et mesures d’adaptation aux changements climatiques » (2019)

[22] I. Porter, 30 millions pour créer de nouveaux milieux humides, Le Devoir (2020)

[23] Nesshöver C. et al., “The science, policy and practice of nature-based solutions: an interdisciplinary perspective”, Sci. Total Environ. (2017)
Nature, ‘Nature-based solutions’ is the latest green jargon that means more than you might think (2017)

[24] UNEP, “Adaptation Gap Report 2020”, https://www.unep.org/resources/adaptation-gap-report-2020

[25] MOOC « Ecosystem services », Université de Genève (2016)

[26] ARTE, « Nature, le nouvel Eldorado de la finance » (2017), https://www.youtube.com/watch?v=y1EdZeRHgbM

[27] Cité dans S. Bahuchet, « Les Jardiniers de la Nature », Odile Jacob (2017)

[28] EU, “Naturvation — Urban nature atlas: a database of nature-based solutions across 100 european cities” (2018), https://naturvation.eu/home

[29] Socialter, “Les ennemis de l’écologie” (décembre 2019)

[30] B. Bonnefoy, Nature et restauration psychologique, C. Fleury & A.C. Prévot, « Le souci de la nature » CNRS (2017)

[31] Dewulf et al.,“Contrasting frames in policy debates on climate change adaptation” (2013), https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1002/wcc.227

[32] Couvet & Levrel, « La compensation écologique, ou comment « écoblanchir » les projets bétonneurs », Reporterre (2016), https://reporterre.net/La-compensation-ecologique-ou-comment-ecoblanchir-les-projets-betonneurs

[33] V. Maris, « La part sauvage du monde », Seuil (2018), https://www.seuil.com/ouvrage/la-part-sauvage-du-monde-virginie-maris/9782021332544

[34] Cohen-Shacham et al., “Core principles for successfully implementing and upscaling Nature-based Solutions” (2019)

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Max Pinsard

Low-techs, solutions basées sur les écosystèmes, biologie/écologie/évolution